La région trop souvent sous-évaluée du Transkei est un espace fait d’histoire : ce dernier mot pouvant s’écrire soit Histoire, soit histoires !

La majorité des voyageurs d’Afrique du Sud se rendent dans les vignobles du Cap-Occidental, dans les villes côtières de la Garden Route ou sur les plages tropicales de Durban. Cependant, pour ceux qui cherchent à sortir des sentiers battus, il existe une autre option : la spectaculaire nature sauvage côtière de la région du Transkei du Cap-Oriental.

Le nom Transkei se traduit approximativement par “la zone au-delà de l’eau”. Bien que ses frontières aient été autrefois définies de manière plus rigide, aujourd’hui le Transkei fait généralement référence au tronçon de côte entre la grande rivière Kei (située juste au nord d’East London) et la rivière Umtamvuna, qui marque la frontière entre le KwaZulu-Natal et le Cap-Oriental. 

Conflit colonial

La région du Transkei a une histoire longue et alambiquée, définie par la lutte politique. C’est le foyer ancestral du peuple Xhosa, un groupe ethnique agraire établi dans la région bien avant l’arrivée des colons européens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cependant, ce sont d’abord les Hollandais, puis les Britanniques qui ont réalisé le potentiel agricole du fertile Transkei, et à partir des années 1700, des conflits fonciers ont régulièrement éclaté entre les colons coloniaux et les tribus Xhosa qui faisaient paître le bétail. Finalement, la région du Transkei est devenue une partie de la colonie britannique du Cap à la fin des années 1800. 

Terre d’apartheid

Ce n’est cependant que pendant l’apartheid que le Transkei est devenu une zone formellement définie. En 1959, il a été établi comme le premier de dix bantoustans ou patries noires créés en vertu de la loi sur les autorités bantoues de 1951. Ces bantoustans étaient des zones réservées aux membres de groupes ethniques spécifiques, et en théorie, leur but était de donner une autonomie politique à des tribus comme les Xhosa. En réalité, cependant, ils n’étaient qu’une extension des politiques de ségrégation raciale adoptées par le gouvernement de l’apartheid. Le Transkei était l’une des deux patries des Xhosa, la seconde étant le Ciskei.

Indépendance du Transkei

En 1963, le Transkei a été le premier bantoustan à se voir accorder l’autonomie, bien que dans la pratique son autonomie ait été limitée. En 1976, le Transkei a obtenu son indépendance de l’Afrique du Sud (bien que l’Afrique du Sud ait été le seul pays sur la scène internationale à reconnaître le Transkei comme son propre pays). Cela signifie que le Transkei avait son propre Premier ministre (et plus tard, son président) et que ses résidents devaient passer la frontière pour entrer en Afrique du Sud, où ils n’étaient plus considérés comme des citoyens. La capitale du Transkei était Umtata, aujourd’hui connue sous le nom de Mthatha, et son gouvernement était en fait un État à parti unique.

Le Transkei, aujourd’hui 

Après la chute de l’apartheid en 1994, le gouvernement du Transkei a pris part aux négociations pour la nouvelle Afrique du Sud. Le 27 avril 1994, l’État a été réintégré à l’Afrique du Sud et a été rattaché à la province du Cap-Oriental. Cependant, si le Transkei actuel fait sans aucun doute partie de l’Afrique du Sud, la région a conservé sa propre identité et culture et possède une atmosphère unique que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le pays. Elle reste une forteresse pour le peuple Xhosa et possède un fier héritage politique avec de nombreux leaders des droits civils qui revendiquent des racines transkei – dont Chris Hani, Walter Sisulu, Oliver Tambo et l’ancien président Nelson Mandela.

Un paradis rural

Malgré les bouleversements politiques des trois derniers siècles, le Transkei est encore largement rural. Les agriculteurs de subsistance gagnent leur vie grâce à de minuscules parcelles de terrain et le bétail se déplace librement à travers les douces collines de la région. C’est un endroit qui se définit par ses curiosités uniques – des troupeaux de bétail Nguni tachetés qui fréquentent les plages abandonnées du Transkei aux cabanes rondes Xhosa ou aux rondavels peints dans des tons de vert vif et de rose pastel. Pour le vacancier intrépide, le Transkei offre la possibilité de s’échapper des villes animées d’Afrique du Sud et de découvrir la beauté immaculée du Cap-Oriental.

Le grand air

Le Transkei abrite certains des paysages les plus spectaculaires d’Afrique du Sud, notamment des falaises incroyables, des rivières sereines et des étendues ininterrompues de sable doré. C’est donc la destination idéale pour les passionnés d’activités de plein air, telles que la pêche, le surf, la randonnée et l’observation des animaux. L’infrastructure est fondamentale ici et une partie du charme réside dans le fait de laisser la modernité derrière soi. Cependant, il y a des auberges de jeunesse, des stations balnéaires rustiques et de vieux hôtels élégants qui sont alignés le long de la côte en divers points stratégiques. Chacun de ces endroits est défini par une ambiance détendue qui transporte les visiteurs à une époque… moins compliquée.

Transkei, vue d’ensemble

Dans un endroit plein de trésors cachés, il y a quelques destinations qui se démarquent vraiment. Pour les surfeurs, la campagne de Ntlonyane offre un break légendaire sur la pointe droite, tandis que la magnifique Kei Mouth s’enorgueillit de falaises plongeantes spectaculaires et de sentiers équestres en bord de mer. Coffee Bay est un paradis pour les routards et les randonneurs, et Port St Johns est idéalement situé à proximité de plusieurs réserves naturelles pleines de certains membres des Big 5. Pour les photographes, il est difficile de battre Hole in the Wall, où une arche de grès indépendante constitue le point de repère le plus emblématique du Transkei. Pour les pêcheurs, des endroits comme Wavecrest et Xora offrent la possibilité de pêcher le kob et le grunter sur les rochers et dans la rivière.