District 6 : symbole de l’Apartheid
District 6 est ce quartier de Cape Town, au pied de la Montagne de la Table, qui faisait la jonction entre le City Bowl (centre ville) et le port du Cap. Ce quartier populaire fut le théâtre d’une déportation massive en 1970 au plus fort du régime de l’Apartheid avant d’être détruit. Il en reste aujourd’hui un no man’s land en guise de témoignage. Sa tragique disparition a fait de ce quartier un des symboles de la lutte contre l’apartheid. Il a inspiré de nombreux poètes, musiciens et même des comédies musicales. District 6 a toujours été habité par des gens de couleur depuis l’émancipation des esclaves et est considéré par eux comme le berceau de leur peuple.
Le quartier était peuplé avant 1970 de personnes pauvres et de couleur. Il y régnait une ambiance gaie et c’était littéralement l’âme de Cape Town.
Histoire du District 6
C’est en 1867 il est désigné comme étant le 6ème district du Cap.
Il fut initialement peuplé par des esclaves affranchis auxquels vinrent s’ajouter des artisans, des commerçants. Une population métissée donnait son âme a ce quartier où tous vivaient en parfaite harmonie : des Malais du Cap, des musulmans, des Noirs Xhosas, des Blancs Afrikaners et des Indiens composaient cette mosaïque ethnique et culturelle.
En 1901, l’épidémie de la peste bubonique sera la cause des premières expulsions des premiers déplacements forcés de District Six. 2000 maisons ont été démolies et reconstruites.
La population au sein du quartier ne cessait de croître et la municipalité fini par refuser d’y acheminé l’eau et l’électricité. En 1946, la population était de 22 700 habitants et en 1950 elle culmina a 50 000 âmes. Les routes ont commencé à se détériorer et peu à peu le quartier animé et accueillant s’est transformé en bidonville. En 1940, la Municipalité décide de démolir les maisons en piteux état qui ternissent l’image de la ville.
Le Group Areas Act
En 1950, le gouvernement de l’apartheid adopte une loi infâme, le Group Areas Act, Loi sur les zones réservées, qui rend illégal la cohabitation dans une même zone de personnes de races différentes. Ces races sont définies selon une autre loi tout aussi discriminatoire : la Population Registration Act. Cette loi établissait que chaque habitant du pays soit classé et enregistré en fonction de ses caractéristiques raciales.
Quant aux zones, les plus favorisées étaient réservées aux blancs : centres-villes, quartiers bourgeois, développés et alimentés en eau et en électricité. Les noirs, les métis et les asiatiques quant à eux devaient vivent dans les zones plus éloignées et laissées souvent sans aucune des services de base. Cette loi fût abolie en 1991 à la fin de l’apartheid.
En 1966, le District Six a été déclaré zone blanche et sa destruction commença en 1968. Les magasins furent rasés, les maisons détruites. Le gouvernement de l’époque souhaitait rayer de la carte le District 6. Même le nom disparu et devint Zonnebloem. Seuls quelques églises et mosquées furent épargnées pour sans doute nous rappeler que des gens vivaient ici autrefois. Pas moins de 60 000 personnes furent ainsi déportées. Les famille et les amis furent séparés et déplacés vers Cape Flats, Mitchells Plain ou encore Khayelitsha a plus de 30 km a l’est du Cap. Les gens ne pouvaient plus aller à l’école ou au travail et l’esprit de la communauté fut perdu. Khayelitsha est aujourd’hui le second plus grand township de toute l’Afrique du Sud après Soweto.
District 6, aujourd’hui
Si le symbole est encore très présent au Cap et en Afrique du Sud, de nombreuses voix s’élévent pour que ce no man’s land renaisse de ces cendres et que l’on y reconstruise un quartier coloré et animé. L’université de Technologie du Cap s’y est est établie et le reste des terres retrouve peu a peu ses propriétaires originaux. Le Président Zuma en 2011 s’est engagé à restituer leur terre a tout ceux qui avaient été expulsé. Toutefois, les faits montrent qu’il reste encore beaucoup de travail a faire. Mais peu à peu quelques maisons se reconstruisent.
Le musée consacré a cet épisode tragique de l’histoire de la ville, de l’Afrique du Sud et du monde moderne est un incontournable au Cap. Il est également un lieu de rencontre, de débat pour tout ceux qui espèrent voir un jour leur quartier renaître. Il sert également de lien entre les habitants expulsés pour leur permettre de se retrouver. Enfin, il tente de faire avancer le processus de restitution des maisons.
En 2010, c’est une ancienne église méthodiste partiellement détruite qui fut réouverte en Théâtre : le Fugard. Une manière de redonner de la vie et un sens au quartier.
District 6 participe pleinement au patchwork coloré et extraordinaire de Cape Town, et si vous passez par là, n’oubliez pas de faire un tour au musée du district 6. Je suis sûre que vous en ressortirez changé et peut-être pourrez vous un peu mieux comprendre la complexité de histoire sud africaine.
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