Comment un site industriel sud-africain offre un refuge sûr à des félins

Oui, un site industriel peut être un véritable havre de paix pour les animaux, félins particulièrement, qui parviennent à s’adapter.

Activité humaine et vie animale, pas nécessairement contradictoires 

Depuis la révolution industrielle, les activités humaines ont entraîné des changements environnementaux rapides, notamment la dégradation, la fragmentation et la destruction de l’habitat, le changement climatique et la perte de biodiversité. Les animaux, tels que les grands carnivores, sont souvent parmi les premiers à disparaître à mesure que les perturbations humaines augmentent.

Le fait que les activités humaines aient eu des conséquences catastrophiques pour certaines espèces est incontesté. Mais il y a aussi des cas où la faune a été favorisée par des interventions humaines, comme les ratons laveurs et les coyotes qui fleurissent dans les zones urbaines. En effet, ils peuvent exploiter des ressources telles que la nourriture et la faible concurrence d’autres espèces moins capables de s’adapter.

Les gérants d’une site industriel ont fait une découverte surprenante qui fournit un autre exemple de la faune florissante dans un site industriel. Nous avons constaté que les servals, félins sauvages, vivaient à l’ombre d’une immense usine pétrochimique en Afrique du Sud.

En utilisant des enquêtes répétées par pièges photographiques, des environnementaliste ont constaté que les servals étaient présents et en plein essor à l’usine de Secunda Synfuels Operations, à 140 km à l’est de Johannesburg. Construite pour aider à faire face à l’embargo sur le carburant imposé à l’Afrique du Sud de l’ère de l’apartheid, l’usine transforme le charbon en un produit similaire à celui du pétrole. L’usine, qui couvre une superficie d’environ 85 km², supporte une densité de population – le nombre d’animaux, et notamment des félins, dans une zone donnée – bien supérieure à tout autre site enregistré dans toute l’aire de répartition de l’espèce.

Pendant plusieurs années, ils ont également utilisé des pièges vivants pour capturer et libérer les servals de la centrale, nous permettant ainsi d’identifier leur sexe et leur âge – ce qui n’était pas possible avec nos pièges photographiques. Cela nous a montré que la structure de la population semblait stable et normale. Cela suggère que la forte densité n’était pas une situation temporaire, mais une tendance à long terme.

 Il ne faut pas négliger ces zones lors de l’élaboration des plans de conservation car elles peuvent encore jouer un rôle dans la protection des espèces menacées, parmi elles, les félins.

Pourquoi les félins prospèrent sur un site industriel

Trois raisons principales expliquent la bonne performance de félins dans cet environnement modifié. L’usine pétrochimique est entourée de zones humides abritant un grand nombre de rongeurs, proie privilégiée des servals. Cela fournit une base de proie suffisante, qui supporte une grande population de félins.

Deuxièmement, une clôture entoure l’usine pour des raisons de sécurité. Cela protège le serval vivant à l’usine de la persécution des humains et d’autres prédateurs. Dans d’autres régions, le nombre de servals peut être contrôlé par la persécution de la part des agriculteurs, qui perçoivent les servals comme une menace pour leur bétail.

Enfin, si la clôture est destinée à limiter le mouvement des humains, elle empêche également d’autres carnivores de grande taille (souvent des collègues félins au serval) de pénétrer dans la zone. Cela permet de limiter la concurrence et d’augmenter le nombre de servals.

Aspects positifs aux paysages modifiés

Les installations industrielles établissent souvent des zones d’exclusion autour de leur infrastructure principale afin d’améliorer la sécurité et la sûreté. Celles-ci peuvent également profiter à la faune. Des réserves ont été créées autour de la mine de diamant de Jwaneng au Botswana et de la mine de diamant de Venetia en Afrique du Sud, par exemple, qui abritent maintenant un large éventail de grands mammifères tels que les éléphants, les chiens sauvages africains et les grands félins tels que les guépards.

Et certaines de ces réserves mises en place pour protéger les mines, telles que la zone d’exclusion Sperrgebiet en Namibie, ont même été proclamées parcs nationaux.

En plus de protéger les habitats, les environnements modifiés créent parfois des écosystèmes entièrement nouveaux qui peuvent parfois accroître la richesse locale. Les plates-formes pétrolières, tout en étant disgracieuses, peuvent servir de récifs artificiels qui offrent une protection contre le chalutage et soutiennent diverses communautés de la vie marine qui n’existeraient pas autrement dans la région.